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LE DERNIER COL

8 février 2012

Ma clio

J'ai une petite voiture, une clio bien sympathique. En vérité ce n'est pas la mienne mais celle de ma compagne. Je me la suis aprroprié à tel point que j'ai une relation particulière avec ma clio
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13 décembre 2007

MONTELIMAR - MONTPELLIER

" Le Dernier Col " vous informe que cette rubrique est en cours d'élaboration gorges_ardeche_04
13 décembre 2007

AVALLON-EMBRUN

" Le Dernier Col " vous informe que cette rubrique est en cours d'élaboration EMBRUN_2
7 janvier 2007

A LA DECOUVERTE D'UN LIVRE

LE BONHEUR AU BOUT DU GUIDON De Christophe Cousin Un long périple de plus de 2 ans à vélo autour du monde. Un roman qui nous fait découvrir des paysages, des peuples, des civilisations. Christophe Cousin recherchait le bonheur : il l'a trouvé par moments, mais il a aussi traversé de sacrées difficultés, qu'il aura su affronter en allant chercher au fond de lui-même des ressources qu'il ignorait peut-être. Un superbe témoignage, une très belle écriture, une leçon d'humanité. Le_bonheur_au_bout_du_guidon
28 décembre 2006

11ième étape : Auxerre - Cesson. 135 Km. Samedi 17 Septembre 1994

11ième étape : Auxerre - Cesson. 135 Km. Samedi 17 Septembre 1994 La dernière étape, comme la première, est celle qu’il ne faut surtout pas rater. Pour un périple réussi et une image positive récompensant l’effort, il faut une première et une dernière étape victorieuse. Départ 08h25 Arrivée 14h50 Météo : « Pour une fois, la météo est clémente ! » Le ciel reste dégagé et m’assure jusqu’à l’arrivée une situation stable. Je ne trouve en effet le long du parcours aucune pluie et cela a été assez rare. Pour une fois, la météo est clémente ! Cependant je suis obligé de lutter très souvent contre un vent fort venant de face ou de côté. Il est présent localement sur des terrains découverts comme les plaines ou à travers champs. La traversée des bosquets et des bois m’offre donc un peu de répit. Physique - Performance : « une certaine fatigue, identique à la veille, est présente » Je respecte mes vitesses moyennes et mes délais dans cette progression vers la Seine-et-Marne, mais une certaine fatigue, identique à la veille, est présente. De plus, le vent n’arrange pas ma situation car sa puissance m’oblige à plus de résistance si bien que par moments, puis de manière un peu plus fréquente, j’éprouve une certaine envie de dormir. D’ailleurs, entre Lorrez-le-Bocage et Nanteau-sur-Lunain, je suis pris d’une somnolence. Mon état de résistance et mes capacités de récupération me permettent cependant de continuer au rythme que je m’étais imposé. Mais comparativement à mon Tour de France réalisé deux ans plus tôt, la fatigue est beaucoup plus nette. Je n’ai jamais su qu’elle en était la raison exacte. L’été 1994 a été aussi l’un des plus chauds depuis les années 60 : le nombre de sorties cyclistes de Juin à Août a chuté et mon entraînement a donc été perturbé. Relief – paysage : Le paysage est classique au nord de Joigny. On trouvera une alternance de champs, de bosquets et de bois sans oublier la foret de Fontainebleau par sa Route Ronde. Malgré tout, les saveurs paysagères rencontrées dans le Massif Central, au Nord de Marseille jusqu’à Crest puis en Saône-et-Loire sont ici sans comparaison et sans égal et se font désirer. Au-delà d’Auxerre et à mesure de l’approche vers l’Ile de France, le paysage se dessine dans de vastes plaines. Les reliefs les plus importants sont la vallée du Lunain entre Chéroy et Nanteau puis les abords de la foret de Fontainebleau à Montigny-sur-Loing. On trouvera quelques cotes, comme celle de Saint-Julien-du-Sault, à la pente assez forte. Les faux plats et les quelques côtes isolées ne m’impressionnent guère : Au Nord de l’Yonne, dans la région de Chéroy, un air de déjà-vu se reconnaît. Je suis ici dans mon périmètre d’entraînement, un terrain de jeu que je connais, comme un grand jardin dans lequel j’ai l’habitude d’évoluer les yeux fermés. J’ai échappé de peu à un accident à la sortie de Joigny : une voiture me double tractant une petite remorque décapotable dans laquelle sont installés un grand carton vide et une palette en bois récupérée dans les grandes surfaces. Le véhicule est à 80 mètres devant moi et un grand coup de vent s’engouffre dans l’avenue. Les feuilles mortes se mettent à danser, les branches d’arbres glissent sur le sol quand soudain le carton s’envole puis la palette en bois voltigeant en l’air avant de s’étaler au milieu de la chaussée à peine à 50 ou 60 mètres juste devant moi. Un peu plus et je me la prenais… Décidemment, cet aller et retour vers Marseille a été mouvementé ! « Il était une fois un périple » J’arrive à Cesson avant la pluie, juste 1 heure avant une terrible averse ! J’ai du mal à croire que tout cela semble se terminer aussi brusquement sitôt le vélo mis dans le garage et les affaires laissées en vrac dans l’entrée : à les regarder, on les croirait d’ailleurs posés pour un nouveau départ ! Pendant 11 jours, une habitude de vie, un rythme et des lieux à chaque fois différent, des endroits qu’il faut traverser, s’y poser puis quitter de nouveau, des paysages changeants. Il va falloir s’habituer à une vie sédentaire et ce retour à une vie normale va paraître un peu irréel pendant quelque temps. Dans 2 jours donc, le travail m’attend : le train, le métro, le bureau, le métro, le train. Puis,avant de travailler pleinement,raconter Cesson-Marseille à ses collègues entre deux cafés. Toute une histoire ! Dehors, à travers le velux de ma chambre, j’aperçois le ciel se brouiller de nuages et d’une pluie battante. Le regard un peu dans le vide,un peu conscient que tout prend fin,les souvenirs se mélangent : le Massif Central, le prieuré de Saint-Symphorien, le souvenir lointain du premier train avant Fourchambault, le Lubéron, la berlinoise rencontrée sur le quai d’une gare un jour de pluie, la descente sans frein du mont Ventoux, les gorges de la Cèze… Dans 2 jours, Lundi donc, je reprends le travail. Dans 2 jours, je le sais, ce sera forcément difficile.
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28 décembre 2006

10ième étape : Paray-le-Monial – Clamecy - Auxerre. 170 Km Vendredi 16 Septembre 1994

10ième étape : Paray-le-Monial – Clamecy - Auxerre. 170 Km Vendredi 16 Septembre 1994 « Aujourd’hui, mon seul regret est de n’avoir jamais su ce qu’elle est devenue » Une étape qui dès l’aube s’est réveillée sous un ciel couvert, froid et pluvieux. Une pluie matinale constante et furieuse deux jours auparavant, une longue et belle averse à chaque fin de journée, des vêtements humides pour le lendemain, des chaussures mouillées : Telle est donc ma situation en ce matin du 16 Septembre 1994 à 2 jours de l’arrivée ! Le ciel est gris et le plafond nuageux se trouve assez bas. L’accueil qui m’est réservé en ouvrant les volets de ma chambre n’est pas des plus réjouissants. Je retrouve le souvenir de mon départ de Clermont-Ferrand vers le Puy-en-Velay. Je sens comme une mauvaise journée pour qui veut rouler… En quittant l’hôtel, une petite bruine m’accompagne. Mais très vite s’installe une forte pluie qui en définitive ne cessera jamais. Elle se fait violence alors que je me retrouve dans les rues de Paray-Le-Monial indécis à donner une suite à ma journée. Je suis sûr de rejoindre dans ces conditions les 170 Km de reliefs et de plaines qui me séparent de Clamecy. Et en plus mes vêtements n’ont pas entièrement séché ! Il s’agit du deuxième jour le plus mauvais. C’est aussi le deuxième jour où je me contrains donc à devoir prendre le train. Malgré l’absence d’activité ce jour-là, je ressens une certaine fatigue. Elle le fait de rester 6 à 8 heures dehors, sous une météo très contrastée entre le matin et l’après-midi et des étapes aux reliefs accidentés. Elle s’explique aussi par le fait d’avoir arrêté brutalement l’effort une journée complète alors que le corps a été habitué à des efforts constants et vigoureux plusieurs jours de suite. L’effort physique, réalisé dans le froid, s’est donc accompagné de cette fatigue. D’ailleurs, à certains moments, j’éprouve une certaine envie de dormir. Il s’agit de la deuxième étape réalisée en train : la première due au vol de matériel et à la météo, la seconde, encore une fois, due aux intempéries. Mon potentiel physique n’est pourtant pas compromis, mais tout semble l’empêcher de s’exprimer ! Dans l’immédiat de la décision, ce genre de situation offre comme une frustration, un goût quelque peu amer malgré l’obligation certaine de ne pas pouvoir faire autrement. Comme lors de la 3ième journée, une question revient souvent : Me suis-je laissé tenter par la facilité ? Pourquoi ais-je pris le train alors que j’aurais effectivement roulé si celui-ci n’avait pas existé ? Ais-je eut des faiblesses dans cette confrontation avec les conditions naturelles ou celles-ci sont-elles effectivement difficiles sinon lassantes ? J’essaie donc d’analyser ce qui, quelques années auparavant, m’avait conduit à réussir tout engagement sans quasiment une seule aide extérieure, et surtout à essayer de savoir, si auparavant et dans les mêmes lieux et conditions qu’aujourd’hui, j’aurais agi différemment ou de même. Une autre question me vient donc : entre la recherche de l’exploit et le plaisir de faire, le choix et la limite de la témérité et de la sagesse. Écartant un exploit de 170 Km et évitant surtout d’attraper froid en restant 7 heures sous la pluie et le vent, je prends donc le train pour Auxerre via Dijon. Quelques heures de voyage, 2 changements, 3 trains. Quel périple ! La gare étant désertée, je laisse sans crainte mon matériel sur le quai sous la surveillance des cheminots et me rends en ville pour envoyer une carte postale à mon frère et son amie Melissa restés aux Etats-Unis. Au retour, je constate que je ne suis pas seul : un sac à dos et un vtt sont posés. Un autre voyageur déçu par la météo ! Je regarde de plus prés le matériel : nettoyé comme neuf, bardé de sacoches, des gardes bout,un éclairage,des plaques réfléchissantes, une roue libre avec plus de couronnes que mon course. En un mot, mieux présenté que mon matériel décathlon qui depuis Marseille m’avait emmené dans cette gare un peu perdue ! À l’écart, la propriétaire s’est installée sur un banc, comme une fleur posée en plein désert. Ses yeux d’un bleu clair, son joli sourire et ses quelques taches de rousseur apportent sous ses chevaux bruns un peu de gaieté dans cette bourgogne pluvieuse et sinistre. Dieu sait combien de fois j’ai pu traverser cette région de long en large, jamais un seul cycliste de croisé ! Mais là, c’était l’aubaine ! Cette berlinoise résidant à Dijon parcourait donc la Bourgogne, en solitaire depuis plusieurs jours, avec près de 70Km par jour pour mieux en profiter, pour la découverte et le plaisir. Les rapports entre les voyageurs sont totalement différents : les usagers habituels ne se parleront quasiment jamais, même s’ils se voient tous les jours durant 10 ans à l’aller comme au retour. Une sorte d’indifférence s’installe chez les gens. Et je sais de quoi je parle pour avoir pris les transports en commun pendant plus de 15 ans. Alors que dans de telles circonstances hasardeuses de rencontres et de ressemblances, les rapprochements humains sont beaucoup plus aisés entre des voyageurs peu ordinaires. Nous sommes donc restés ensemble jusqu’à ce qu’elle atteigne Dijon pour y descendre définitivement. Dans le train, avant d’engager la conversation, je la voyais rédiger quelques notes sur son carnet de route Moleskine. Ce qui m’a frappé en elle est ce à quel point elle a su rester soignée : des vêtements de rechanges impeccables, des bottines en cuir, un léger maquillage, des boucles d’oreille, des petites bagues, une petite chaînette, une coiffure bien tenue alors que justement évoluer dans des conditions difficiles (météo, géographie,ennui mécanique, situation physique et mentale) peut faire passer outre cet aspect car on se dirige vers des attitudes et des choix beaucoup plus essentiels et non superficiels. A côté d’elle, avec mes chaussures humides qui faisaient comme un « sploutch-sploutch », ma légère barbe du début et mon survêtement, j’aurais pu passer pour un sauvage ! Que ce soit traverser l’archipel du Spitzberg en chien de traîneau, franchir un désert ou gravir des pentes enneigés à 8 000 mètres, la première chose essentielle à laquelle un femme pensera est de conserver une certaine grâce. Je me souviendrais toujours de cette photo d’Annie Beghin prise en train de se maquiller sur les pentes verticales du K2 à plus de 7 500 mètres ! Connaissant en détail les moments critiques d’un périple cycliste, j’ai été impressionné et séduit par son initiative personnelle, son goût pour l’aventure et sa sérénité, malgré les problèmes de toutes sortes posés à une femme, à s’engager seule le long des routes et de villages isolés. Cela impose donc de ne pas en dire trop, de rester sobre. Seulement une certaine complicité entre moi et elle, qui se faisait chambrer par les cheminots surements incapables d’aligner 70 Km mais ne disait rien sauf par un léger sourire, pour une situation,un engagement que l’on était seul à connaître dans cette foule anonyme de voyageurs partis pour travailler et curieux à nous voir. Quelque chose me plaisait en elle et j’éprouvais un certain respect. Aujourd’hui, mon seul regret est de n’avoir jamais su ce qu’elle est devenue.
28 décembre 2006

9 ième étape : Lyon – Paray-le-Monial. 138 Km. Jeudi 15 Septembre 1994

9 ième étape : Lyon – Paray-le-Monial. 138 Km. Jeudi 15 Septembre 1994 Un petit kilométrage mais qui cache une des étapes les plus difficiles, sinon la plus dure, du fait essentiellement de la combinaison du relief, du vent violent et de son rang dans le périple. Mais malgré ces difficultés, ce parcours offre la récompense des derniers sites intéressants et pittoresques avant l’arrivée. Départ 08h20 Arrivée 16h01 Météo : «Une pluie torrentielle de 20 minutes s’abat en pleine campagne à 15 Km de l’arrivée » La crainte du matin, accentuée par la lecture du bulletin météo annoncé mauvais la veille et un ciel couvert dès le départ, s’est dissipée : c’est un ciel chargé de nuages blanc et de bouquets gris épars qui accompagnent ma route vers Paray-le-Monial à travers les massifs du Lyonnais et du Charollais. Sauf dans Lyon ou ne sont tombées que quelques gouttes sous un plafond bas et sombre, j’ai bien cru devoir affronter encore une fois la pluie tout le long du parcours. Par contre, un vent constant et mauvais s’est mêlé à ma route, presque toute la journée et dans le sens contraire de ma progression ! Souvent, j’ai dû subir les assauts d’un vent violent, soufflant en de très fortes rafales, entre Tarare et le col des Sauvages, puis au-delà de Chauffailles et plusieurs kilomètres avant Paray-le-Monial. Malheureusement, mon espoir d’arriver sans la pluie s’est évanoui une douzaine de kilomètres avant ma destination finale, alors qu’un vent diabolique venant d’Ouest ramenait inexorablement sur moi des bouquets de nuages noirs. Une pluie torrentielle de 20 minutes s’abat en pleine campagne à 15 Km de l’arrivée : survêtement, chaussures et vêtement mouillés, avec pour le lendemain seulement les chaussures de sèches ! Physique : « Il fallait surtout compter sur sa propre ardeur et sa combativité » Mon physique a été bien mis à l’épreuve car j’ai été confronté jusqu’à la fin à une multitude de reliefs à franchir sous un vent contraire. Le plat étant presque insignifiant, il fallait profiter des faux plats descendants et des longues descentes du début de journée pour pouvoir récupérer. Il fallait surtout compter sur sa propre ardeur et sa combativité pour ne pas fléchir dans certaines situations intenses et cela sans rien attendre d’une accalmie du vent ou d’un terrain longuement favorable. Sous une météo défavorable et un terrain accidenté sur 130 Km, la seule issue possible est en effet de trouver en soi les ressources physiques et psychologiques nécessaires. Un combat contre les éléments naturels et soi-même que j’apprécie fortement et digne d’un sport d’extérieur. Malgré tout, une certaine fatigue se fait sentir à l’arrivée. Performance : « Les performances ont été altérées par le vent » Mes performances sont très faibles : jusqu’au deux tiers du parcours, j’évolue à 20 Km/h ! Lamentable… C’est seulement vers la fin,15 Km avant Charolles,ou je peux accuser un maximum de 35 Km/h. Les performances ont été altérées par le vent venant du nord-ouest alors que ma direction était contraire, du sud-est vers le nord-ouest L’ascension du petit col des Sauvages s’est faite en luttant contre des bourrasques de vent et la progression, dans la descente de ce même col, l’était en pédalant ! Descendre un col en devant pédaler pour atteindre une vitesse minimale en dit long sur la puissance du vent. Généralement il faut simplement se laisser glisser pour descendre vite… Ce jour-là, le col des Sauvages avait bien donné son nom à ce vent furieux ! Moral : « mon mental est partagé » Je ressens la satisfaction de m’etre défait du Lyonnais et du Charollais. En touchant le canal du Centre, à hauteur de Macon, je mets un point d’honneur à rompre avec la partie Sud de la France et affirmer une progression nette et franche vers la Seine-et-Marne. Mais mon mental est partagé car, d’un autre coté, la situation climatique m’affaiblit : l’averse m’a littéralement trempé. Je ne sais si tout sera sec pour le lendemain alors que c’est encore un jour de pluie très forte que j’affronte en restant dehors et cela coup sur coup. Relief : « Ce relief rappelle quelque peu certaines régions de Normandie » Le parcours est éprouvant. On évolue dans une succession infinie de petits reliefs ou les zones de plats sont quasiment inexistantes. De Lyon à Tarare, la route nous emmène à travers la partie nord des monts du Lyonnais. Elle est la partie la plus accessible des monts, là ou les reliefs ne font que commencer. Mais il faut quand même passer de nombreuses cotes assez longues. Au nord, sur la route d’Amplepuis, de Thizy et de Chauffailles, nous sommes à l’ouest des monts du Beaujolais et le même relief se dessine : de longues cotes et descentes s’alternent de quelques faux plats. La route conduit à deux nouveaux cols réalisés dans la matinée : le col des Sauvages (723 m) entre Tarare et Amplepuis puis le col de la bûche (683 m) entre Cours et Belmont-de-la Loire. De Chauffailles à Paray-le-Monial, la région est très vallonnée. Le relief donne naissance à des cotes et des descentes courtes mais pentues et, à la longue, rudes à grimper. La route donne par ailleurs cette impression de tourner sans cesse, escaladant et descendant de manière désordonnée entre chaque bocage et chaque colline. Ma progression dans cette région de mamelons est à l’image d’un voilier ballotté sans cesse sur les vagues ! Ce relief rappelle quelque peu certaines régions de Normandie. Paysage – curiosité : « Un voyage en pleine nature » Du Lyonnais au Charollais, c’est tout le charme d’une France campagnarde qui se dévoile. Une campagne isolée. Une campagne de bout de France On y rentre doucement depuis les Arbresle, juste après avoir quitté la banlieue lyonnaise. Déjà, les premières fermes isolées et les premiers petits pâturages se dessinent à travers une végétation dense de bosquets et de haies. Il suffit ensuite de franchir le col des Sauvages et sa ligne de partage des eaux à Tarare pour y rentrer de plein pied. Ainsi jusqu’à Paray-le-Monial, la route nous mène dans une succession de champs, de bois et de pâturages sur près d’une centaine de kilomètres. Un voyage en pleine nature, ou, éparpillés à travers la campagne, on croisera cette multitude de vieux villages et de petits hameaux, nichés dans un creux ou étendus sur le flanc d’une colline, vivant en toute tranquillité, comme Mazoncle, Château-Neuf, Ligny-en-Brionnais, Saint-Maurice ou Varenne. Et justement, c’est proche de Ligny que me revient le souvenir du prieuré de Saint-Symphorien lorsque j’aperçois au bord de la route cette petite chapelle : minuscule, sûrement la plus petite, branquebalante dans ses vielles pierres, elle fut comme maladroitement sortie tout droit de terre pour y etre posée, perdue en rase campagne. Cette campagne isolée à ses surprises : elle nous fera découvrir d’anciennes villes du 19ième, comme Thizy, au pied de la Trambouze à quelques kilomètres des gorges de la Loire, Amplepuis et Tarare, toutes connues pour avoir étés parmi les premières cités industrielles. « Le pays des Pierres Dorées » On rentre au pays des Pierres Dorées entre Tarare et Villefranche-Sur-Saône le long de l’Azergues. Son nom trouve son origine dans un calcaire ocre et si chaud qu’il donne l’impression d’etre gorgé de soleil. Le pays des Pierres Dorées nous fait remonter l’Histoire au travers d’anciennes villes fortifiées et châteaux médiévaux. On découvrira, entre les vignobles du beaujolais lyonnais et les collines de forets, l’ancienne ville fortifiée de Chazay, la forteresse de Châtillon dominant les rives de l’Azergues de ses tours et remparts, les châteaux de Charnay,Ternand, Jarnioux et Montmelas. La tour de l’ancien château du Bois d’Oingt offre, avec le sommet du Signal de Saint-Bonnet, un magnifique panorama sur ces terres méconnues et peu fréquentées. L’hôtel qui m’a accueilli est le grand hôtel de la basilique. Cet hôtel accueillant m’offre une chambre au calme malgré qu’elle soit face à l’impressionnante basilique. Dans la journée, je me suis contenté de quelques bananes et barres chocolatées. Un sandwich au fromage a aussi fait l’affaire pour caler une petite faim. Le soir, dans la salle de restaurant décorée dans un style victorien pour lequel mes vêtements du soir semblaient peu adaptés (un survêtement et un t-shirt), je me suis contenté d’une salade, d’une viande aux légumes puis d’une glace pour clore la soirée.
5 décembre 2006

A LA DECOUVERTE D'UN LIVRE

CYCLO NOMADE De Jacques SIRAT Le voyage autour du monde d'un personnage qui avait des fourmis dans les jambes. Un VTT, beaucoup d'humanité et des rêves plein la tête. Ils vont prendre corps à chaque coup de pédale. Que ne ferait-on pas pour enfourcher notre vtt et partir à l'aventure nous aussi ! Mais Jacques Sirat l'a fait pour nous et nous nous contenterons de notre sortie dominicale. En rentrant nous dégusterons ce livre et nous envolerons vers une certaine liberté. Celle que nous recherchons depuis toujours ! Cyclo_nomade
5 décembre 2006

8ième étape : Crest - Lyon. 132 Km. Mercredi 14 Septembre 1994

8ième étape : Crest - Lyon. 132 Km. Mercredi 14 Septembre 1994 Cette journée n’est peut-être pas la plus difficile. Elle est en tout la plus décevante à cause des conditions météo. Départ 08h20 Arrivée horaire non relevé Météo : « en plus violent ! » La météo qui m’attend est à l’identique des précédentes mais en plus violent ! Dès le départ, mon parcours s’accompagne d’une pluie continuelle jusqu’à 13h. Une pluie lourde, grasse et franche, partie pour s’installer longtemps. Le genre de pluie qui vous ferait continuer votre matinée sous la couette ou déprimer quand vous êtes forcément obligé de passer dessous. Très souvent je subis des averses très fortes et suffisamment longues pour m’obliger à de nombreux arrêts. Même si on dispose de protection, comme une cape ou des chaussons imperméables, on est pris par la tentation instinctive de se protéger sous un abri. À partir de 13h, je bénéficie d’un créneau météo enfin favorable mais de courte durée. Le ciel se dégage pour un temps et l’air devient chaud. Mais à l‘Ouest de Lyon, les reliefs sont encombrés d’une masse nuageuse sombre. Elle se met à rouler sur elle-même pour grandir de plus en plus et prendre de la hauteur. Une hauteur magistrale vers le ciel. Une masse sombre et sans fin de forme apocalyptique prend naissance au-dessus de la citée Lyonnaise. Je décide de m’engager au plus vite pensant que j’aurais le temps suffisant, malgré les15 Km qui me séparent de Lyon, de m’approcher au plus près de mon hôtel sans subir d’averse… Peine perdue : 2 averses magistrales subies en l’espace de 20 minutes, l’une d’une pluie torrentielle sur un boulevard extérieur encombré de véhicules qui me ralentissaient, l’autre encore plus démente tombant sans prévenir et accompagnée d’une pluie de grêle très dense. Je suis déjà trempé alors que je trouve un abri dans la cage d’escalier d’un petit immeuble ou je passe le temps à jouer avec un chat attendant que la pluie cesse. Physique : « mes chaussures et mon survêtement sont trempés pour la journée » L’état général me permet de progresser relativement vite. Par contre, je ressens, comme hier, une gêne occasionnelle à la base du coup, sûrement à cause du portage du sac à dos, et quelques douleurs aux fessiers. La douleur au dos subie la veille a quant à elle disparu. Une sensation de froid s’est aussi installée mais pour une longue partie de la journée : une voiture m’a doublé de trop près dans un rond point au moment où je longeais une dépression formée sur la chaussée. Mieux qu’une dépression, vu la quantité d’eau, il s’agissait sûrement d’un bassin. Me voici donc littéralement aspergé de plusieurs dizaines de litres d’eau au 35ième Km : mes chaussures et mon survêtement sont trempés pour la journée et je n’ai pas de rechange. Performance : « sans chercher à forcer l’allure dans les reliefs » J’évolue de manière plutôt correcte mais sans chercher à forcer l’allure dans les reliefs. 15 Km/h dans les reliefs, 25 Km/h sur le plat au minimum. Très souvent je roule à 35-37 Km/h grâce aux nombreux plats. Lors de l’approche sur Lyon, sur les grands boulevards extérieurs, j’accuse malgré tout 45-50 Km/h. Moral : « cet état ne conforte pas le plaisir à rouler » La météo peu favorable me lasse. J’ai l’habitude de l’eau mais cela commence effectivement à m’agacer un peu. Je suis obligé de subir des conditions déplaisantes et cet état ne conforte pas le plaisir à rouler. De plus, la cape ne facilite pas les manœuvres car, si elle protège de la pluie, elle flotte souvent dans le vent et vient parfois se coller sur les jambes ou le reste du corps. De plus je l’utilise aussi pour protéger la sacoche avant : recouvrant la sacoche et le guidon, elle forme un creux de par sa taille et dans lequel vient s’accumuler l’eau de pluie. Elle sert de réservoir… Je suis sans cesse obligé de la soulever pour renverser l’eau accumulée ! J’ai d’ailleurs abandonné le port de la cape sur une bonne partie du parcours. Relief – paysage – curiosité : Déçue par les conditions météo, je ne me suis pas trop attaché à découvrir le paysage, me contentant surtout de rouler au mieux et au plus vite. De toute façon, le plafond nuageux assez bas n’offrait qu’un horizon difficile à distinguer. Cependant, se découpant à l’Ouest de Chabeuil et Romans-sur-Isère, on pouvait distinguer les premiers reliefs du Vercors, les montagnes de l’Epenet et de Musan. Le relief est des plus accessibles dans cette progression vers Lyon. On ne trouve presque que du plat, du faux plat et quelques petites bosses. Les cotes sont isolées et les plus importantes se trouvent à Romans-sur-Isère, Beaurepaire, Vienne et Saint-Symphorien d’Ozon. Par beau temps, on peut s’attarder dans les rues de Romans-sur-Isère. Bâti autour d’une collégiale, le vieux quartier s’étend avec ses maisons à balcons de bois. Plus au Nord, sur la rive gauche du Rhône, Vienne reste fière de ses origines. Cette cité fut plusieurs fois, et sous différentes époques, capitale d’empires régionaux. Elle conserve un théâtre antique, vestige de l’époque romaine. J’ai logé sur Lyon même, dans l’hôtel du Dauphiné ou j’ai bénéficié d’une chambre au calme. Je m’y suis présenté trempé, les cheveux décoiffés, les chaussures mouillées. Au vue de mon état, l’hôtesse d’accueil a du avoir pitié et m’a ainsi offert, pour la circonstance, un café au lait, des biscuits et un jus d’orange alors que celui-ci était payant ! Alors qu’en journée, je me contentais de quelques bananes et barres chocolatées, mon repas du soir se composait d’un plat de pâtes et d’une pizza.
4 décembre 2006

7ième étape : Sault - Crest. 148 Km. Mardi 13 Septembre 1994

7ième étape : Sault - Crest. 148 Km. Mardi 13 Septembre 1994 C’est une étape moyenne qui se dessine mais une étape difficile. 148 Km d’un mélange chaotique de plats, de côtes, de descentes, de faux plats et de cols, marqués par l’ascension convoitée du mont Ventoux avant une descente douloureuse. Elle est surtout, à travers le Vaucluse et la Drome, la dernière étape au nord de la Provence, encore digne des sites pittoresques et évoquant des décors à la Marcel Pagnol. Départ 07h50 Arrivée 15h30 Météo : « vers un sommet invisible » Je ne fais plus attention aux prévisions annoncées la veille : Le schéma météo est sans surprise, désespérant et m’accompagne pratiquement de jour en jour avec la même régularité ! Je quitte donc Sault au petit matin dans la brume et sous la pluie. La couverture nuageuse est très basse : je ne vois pas les pentes du Ventoux grimpant en altitude. Je découvre les reliefs au fur et à mesure sur une distance inférieure à cent mètres en iso altitude et quelques dizaines à peine en dénivelé. Le ciel est bouché. Il ne m’offre, au cours de cette ascension vers un sommet invisible, aucune ouverture ni sur les vallées environnantes, ni sur le plateau du Vaucluse. Ce n’est qu’à partir de 9h30, vers le sommet, que je dépasse enfin la couverture nuageuse. Plus bas, le vent assez fort commence à dissiper et à morceler la brume. Cette absence de nuages d’altitude m’offre quand même une bonne visibilité mais pas aussi lointaine que par temps clair. Le vent et l’air humide installent très vite une sensation de froid. Je dois porter des gants pour entamer la descente. La violence du vent m’oblige aussi à abandonner la cape pour le K-way, jugée trop dangereuse car elle peut se soulever. Cela m’était déjà arrivée dans une descente en pleine ville lors de mon Tour de France ! Le col des Tempêtes porte bien son nom ! À partir de 11h, c’est un temps clair qui m’accompagne jusqu’à la fin de la journée. Le ciel devient miraculeusement très beau, parsemé de petits nuages. Le vent est parfois resté très fort localement et l’air devient très chaud. J’abandonne mon survêtement et mon K-way pour un cuissard court et un T-shirt. Physique : « une douleur au dos et au fessier de manière occasionnelle » Ma condition physique, dans l’ensemble, est jugée satisfaisante. L’étape précédente était plutôt tranquille et j’ai en plus bénéficié d’un très bon sommeil. Je peux donc, dans ces conditions, me dépenser sinon encaisser les efforts. Les 4 derniers Km du mont Ventoux ont quand même été éprouvant : il faut dire que cette ascension se termine sur des pourcentages assez élevés. Dans la descente du col des Tempêtes, jusqu’à Malaucène, mes jambes subissent une gêne à cause du froid intense, une sorte de tétanie dans laquelle le froid les immobilise. J’ai ressenti une douleur au dos et au fessier de manière occasionnelle : Elle est provoquée par l’intensité du parcours et son relief dynamique. C’est la première fois depuis le départ du périple que de telles gênes se font sentir. Mais elles disparaîtront en cours de journée sans trop m’inquiéter et surtout sans remettre en cause mon aptitude. Performance : « J’ai bien roulé » Je suis assez content de moi. J’ai bien roulé et je me suis sorti de situations difficiles. Ma progression vers le mont Ventoux était assez lente : 1h40 mais avec l’handicap d’une pluie constante, la cape qui limite les manoeuvres de conduite et souvent un vent gênant. Il faut aussi tenir compte du chargement : le sac à dos et la lourde sacoche de guidon. Dans la descente du Ventoux, je touche sans peine les 60 Km/h, voir les dépasse. Sur le reste du parcours, composé d’une multitude de reliefs mélangés les uns aux autres, ma moyenne se stabilise entre 25 et 27 Km/h et 15 à 18 Km /h dans les cotes. La route, selon les endroits et mes envies, m’entraînent souvent sur plusieurs kilomètres à 37 Km/h. Un vrai tapis roulant ! J’ai réussi à tenir mon programme : j’ai atteint tous les endroits voulus dans les délais à quelques minutes près (écart 4 ou 5 Mn) malgré une crevaison m’ayant fait perdre une bonne demi-heure : il faut compter le temps de réparer et celui pris pour le bénéfice d’une pause. Moral : « Rouler en solitaire ne me lasse pas » Le passage du mont Ventoux, la traversée réussie de la Drome dans des reliefs chaotiques, la difficulté et la nécessité de faire face ont conforté mon esprit. De plus la météo clémente de l’après-midi m’a permis de profiter pleinement du paysage. On roule aussi pour le plaisir et depuis quelques jours, selon l’expression, « je m’en mets plein les yeux » ! Rouler plusieurs jours de suite en solitaire et dans ces conditions ne me lasse pas, car si je ressens la même sensation que la veille, un esprit libre et détaché, en osmose, je ressens aussi un esprit fier et vainqueur. Relief – paysage : « On découvrira les ruines d’anciens villages » Ce parcours se compose de tous types de reliefs. On attaque du plat, du faux plat, des descentes, des côtes, le tout mélangé, sans répartition définie et précise sur son ensemble. Un vrai casse-tête pour le stratège de l’effort : on n’a pas le temps de récupérer qu’il faut déjà s’engager à grimper ! Cette caractéristique en fait une étape difficile ou dynamique selon son point de vue car l’effort doit etre constant. Et c’est ce qui m’a surtout attendu de Malaucène à Montbrison. Valréas offre cependant un répit car cette petite ville est située en plaine où sont cultivées des vignes. De Montbrison à Crest via Dieulefit on fera face à un col, un relief accidenté et la traversée de gorges. La route remonte le cours de la Lez. Ce cours d’eau, qui serpente à travers les montagnes de la Drome, fera longer les montagnes de la Lance et de Dieu-Grâce. Le deuxième col de la journée, le Pertuis, se laissera prendre après Dieulefit. On l’atteint après avoir traversée les gorges sauvages du Jabron ou la route peu fréquentée se fait tortueuse sur les 2 derniers Km dans une végétation de pins, d’épineux et de légères senteurs aromatiques. On découvrira, venant se perdre dans le maquis et les nombreuses combes, des mas habités ou abandonnés, les ruines d’anciens villages, celui de Béconne, ou les vestiges d’un passé médiéval comme le donjon de Blacon isolé et perdu en pleine foret sur la route de Roche-Saint-Secret, le château de Bourdeaux ou d’autres tours et chapelles sans nom, parfois en ruine, presque oubliés et surplombant la route du sommet des crêtes. L’arrivée à Bourdeaux, après une belle descente, laissera derrière soi la partie la plus difficile et la plus montagnarde. L’accès à Crest se fait plus accessible, plus reposant aussi. Il faut en effet attendre la Drome pour bénéficier de descentes de plusieurs kilomètres. L’ensemble, par sa formation, son odeur, son isolement et cette floraison de petits villages repliés sur eux-mêmes, en fait la route idéale pour celui qui veut s’évader et rappel en quelque sorte certains écrits paysagers de Marcel Pagnol. Cette journée est aussi marquée par l’ascension de 2 nouveaux cols : Le col des tempêtes (1829 m) au 26ième kilomètre en début de journée Le col du Pertuis (626 m) dans la région de Dieulefit vers la fin de la journée. La Drome a des petits cols mais il faut quand même aller les chercher ! Cela m’en fait donc 5 au total. Curiosité : « la route des vins » La traversée de la Drome fera retenir Valréas, Montbrison, Dieulefit, Bourdeaux et Crest. Valréas est une ancienne cité médiévale. Dominée par un donjon, la ville s’entoure à certains endroits de vieux remparts servant de promenade. Comme Valréas, Crest a son histoire de ville forteresse ancrée dans son immense tour. Dominant la ville sur le flanc d’une colline, ce donjon parfois drapé offre de son sommet un panorama magnifique sur la vallée de la Drome et la profondeur des massifs alentours. Cette ville touristique, desservie par le train et constituée d’un centre ville animé où fleurissent terrasses ombragées et petites places, peut constituer un point de départ favorable pour une expédition vers le Vercors ou toute la Provence si décision est faite de partir au Nord. Dieulefit n’est pas la Provence mais on s’y sent déjà tant l’esprit est là : une seule rue, d’étroites ruelles qui s’achèvent en escalier vers de vieilles maisons. Tous ces villages sont sur la route que l’on nomme « la route des vins » « Il était une fois le mont Ventoux » Le mont Ventoux paraît impressionnant car il est dans cette région de plateau, de plaines et de petites montagnes, le seul sommet imposant et dépassant de très haut les autres. Il se détache très nettement dans le paysage. Rien ici n’est à sa hauteur. C’est pourquoi il s’en dégage une impression de puissance et cette impression de puissance renforce l’image d’une ascension difficile. D’ailleurs j’ai toujours pensé que le mont Ventoux était mal situé et devait plutôt avoir sa place au coté de montagnes de même altitude comme celles des Alpes-de-Haute-Provence. C’est la raison pour laquelle aussi je l’ai surestimé. La veille au soir, en prenant l’air frais, je me suis rendu sur les remparts de Sault. Je souhaitais l’apprécier, le deviner, m’en imprégner aussi. Une impression très personnelle m’effleure : peut-être pour me rassurer, je pense alors à mon cousin Pierre Béghin qui avait gravi le Kangchenjunga en solitaire, le K2, le Makâlû, le Dhaulagiri et bien d’autres sommets Himalayens. J’essayais de deviner ce à quoi il pouvait penser avant une ascension, cette relation intimiste entre le grimpeur et sa montagne. Ce soir-là, les nuages bas cachaient et dévoilaient furtivement le Ventoux. Je ne le verrais donc pas. Un interdit, un cache-cache insolent, une défiance. L’heure sera l’heure et l’heure de la rencontre ne sera que demain. Patience donc ! Pourtant, lors de l’ascension, la surprise est de taille : pensant la réaliser dans un délai identique à celle du Galibier, je mets beaucoup moins de temps que prévu. Je m’aperçois de ma surestimation et je me surprends à trouver dans l’ensemble une certaine facilité à grimper. La descente, quant à elle, a été terrible : une route humide, des branches étalées en travers, un froid qui tétanisait mes jambes, un vent violent venant du Nord qui tapait sur les parois et me rabattait sur la façade amont. Il fallait constamment lutter pour garder une trajectoire rectiligne. La vitesse est élevée : très vite, dès le départ, je dépasse les 45 Km/h puis atteint les 60 Km/h et très vite, dès le départ, je m’aperçois que ma distance de freinage est inexistante pour négocier les virages en toute sécurité. Les câbles de freins sont usés. Trop usés mêmes. J’ai fait l’erreur de ne pas les changer depuis un certain temps…Je suis obligé de tirer à fond et par à coup presque tout le temps : cela me donne des douleurs dans les poignées et la paume des mains. Je sens, et durant toute la descente, la tension terrible des câbles avant et arrière. Une tension telle que je crois qu’à chaque fois ils vont céder. J’arrive à Malaucène, je ne sais comment. Mais j’arrive à Malaucène, c’est certain, en pouvant souffler. « Au risque de me retrouver dehors pour la nuit » Mon étape devait se terminer à Dieulefit mais cet arrêt a été abandonné puisque Dieulefit a été atteint vers 14h. N’ayant donc pas fini la journée, la météo étant stable, j’ai décidé de continuer jusqu’à Crest pour avancer un maximum et surtout me débarrasser des derniers reliefs de la Drome afin d’entamer le parcours du lendemain sur un terrain plus aisé. Il n’était pas question de commencer à partir de Dieulefit une étape vers Lyon sous la pluie et dans les reliefs. À Crest, la priorité est donc de trouver un logement au risque de me retrouver dehors pour la nuit ! Le premier hôtel n’a pas donné satisfaction puisque je me suis accroché avec la patronne : Je ne trouvais plus la clef de mon anti-vol et souhaitais poliment et en toute logique, que mon matériel soit d’abord sécurisé dans un garage. Prenant de toute évidence et sans discuter la chambre, cela ne devait poser aucun problème. Mais la patronne ne l’a pas entendu de cette oreille et l’a d’ailleurs très mal pris prétextant qu’il fallait d’abord prendre la chambre. Sous mon instance, elle est devenue très sèche et a lâché, sous un grognement, « dans ce cas pas de garage ». « Si pas de garage, pas de client » lui ais-je répondu. Je m’en suis retourné la laissant seule, plantée fièrement au milieu de son restaurant avec son sceau et son ballet brosse. L'hôtel où j'ai logé fut donc Le grand hôtel. Un Logis de France accueillant et au calme, recommandé par la FFCT,et où l’on mange bien. Pour preuve, ce soir-là restera l’un des meilleurs repas de ce périple : à en oublier les bananes et barres chocolatées de la journée, j’ingurgite une salade, une truite, une escalope de dinde aux lentilles, haricots verts et pomme de terre, un plateau de fromage,un flanc et une pêche melba. Rien que ça !
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